Vinyle vs CD (et cassettes audio) : Démystification d’un mythe audiophile

Je vais être franc dès le départ : je suis un collectionneur passionné de vinyles. J’en ai depuis des années, j’en chine, j’en restaure, et je continue à en acheter. J’aime ce support, pas seulement pour la musique, mais pour tout ce qu’il représente.

Quand je prends un disque vinyle entre mes mains, ce n’est pas juste un “support musical”, c’est un objet vivant. Une grande pochette cartonnée, parfois usée, parfois griffonnée, qui raconte une histoire. Les illustrations sont souvent magnifiques, beaucoup plus travaillées que la jaquette d’un CD. Certains albums proposent des double-disques, des livrets, des artworks à déplier : tout un univers visuel qu’on ne retrouve nulle part ailleurs. Chaque disque a une âme, parfois parce qu’il a traversé des décennies, parfois parce qu’il a été manipulé par des générations. J’ai des 45 tours de dessins animés avec des traces d’enfants dessus, et ça me touche autant que mes albums rock ou jazz.

C’est la même raison pour laquelle je peux encore apprécier de regarder une VHS ou un LaserDisc. Oui, il y a du grain, des parasites, des dégradations. Oui, j’ai accès à des films remasterisés en 4K Ultra HD, avec une image parfaite. Mais il y a un charme particulier à ces supports anciens. Ce n’est pas une question de perfection technique : c’est une question d’émotion.

Mais voilà : aussi passionné que je sois, je dois être honnête. Le son du vinyle n’est pas supérieur à celui du CD. Et ça, ça m’a valu pas mal de prises de tête avec d’autres passionnés.


1. Mes accrochages avec les “puristes du vinyle”

J’ai eu des débats interminables avec des gens persuadés que le vinyle était “au-dessus” du CD. Je me souviens encore de cette fois où je disais à un type :

“Mais gros, ton vinyle que tu viens d’acheter, il est tiré d’un master numérique à 44,1 kHz. Il ne peut pas sonner mieux que le CD, ça ne va pas réinventer ce qui n’existe pas !”

Et lui de me répondre : “Si, si, le vinyle c’est supérieur, c’est prouvé.”

Comment tu veux discuter quand la logique technique est balayée d’un revers de main ? Ce que beaucoup refusent de comprendre, c’est que le vinyle colore le son, il ne l’améliore pas. Et que souvent, ce qu’ils entendent comme “meilleur” vient… du choix du master, ou simplement d’un effet placebo.


2. La limite du master

C’est une réalité incontournable : la plupart des vinyles modernes sont pressés à partir de masters numériques. Si le master est en 44,1 kHz / 16 bits (le format du CD), alors le vinyle ne peut pas inventer des détails supplémentaires. Point final.

👉 Exemple simple : tu prends une photo en 1080p. Tu l’imprimes sur du papier glacé. C’est joli, ça a une texture différente. Mais ça ne devient pas de la 4K. Le vinyle, c’est pareil.


3. Ce que le vinyle apporte vraiment

Un vinyle, ce n’est pas de la haute fidélité pure. C’est une expérience sensorielle différente :

  • La courbe RIAA modifie la restitution, surtout dans les graves.
  • La lecture mécanique ajoute de la distorsion harmonique, souvent perçue comme “chaleureuse”.
  • Il y a du souffle, des craquements, de l’usure.

Tout cela donne une “chaleur”, une sensation de vie. Mais ce n’est pas de la fidélité. C’est une altération plaisante.


4. Le CD, objectivement meilleur

  • Bande passante garantie de 20 Hz à 20 kHz.
  • 96 dB de dynamique, contre environ 60–70 dB pour un vinyle.
  • Pas d’usure, pas de craquements.
  • Fidélité exacte au master.

👉 Techniquement, le CD surpasse le vinyle sur tous les critères mesurables. Mais il n’a pas cette imperfection “vivante” qui fait le charme du microsillon.


5. La numérisation en 96 kHz : l’illusion du vide

Un autre mythe que j’ai souvent entendu, c’est celui de la personne qui numérise un vinyle en 96 kHz ou même 192 kHz, et qui affirme que “c’est meilleur que le CD”.

La réalité est simple : le vinyle ne contient aucune information exploitable au-delà de ~20 kHz (et souvent beaucoup moins). Numériser en 96 kHz, c’est comme scanner un vieux livre en super haute résolution : tu obtiens un fichier énorme, mais avec toujours les mêmes lettres imprimées dessus.

👉 En clair, ce qu’on numérise, c’est du vide. Le fichier est plus lourd, mais il ne contient pas plus de musique. La seule chose qui peut faire une différence, c’est si le logiciel de numérisation applique un traitement, ou si le master vinyle utilisé est différent de la version CD. Mais en soi, le 96 kHz n’apporte rien.

Encore une fois, beaucoup confondent : “fichier plus gros” = “meilleure qualité”. C’est une illusion.


6. Les cassettes audio : le retour du pire ?

Ces dernières années, j’ai vu revenir un autre support : la cassette audio. Et là, franchement, je croyais qu’on avait touché le fond… mais non, on creuse encore.

Pourquoi ? Parce que la cassette audio, elle, n’a aucun argument technique sérieux :

  • Bande passante limitée (souvent 30 Hz – 12/15 kHz dans le meilleur des cas).
  • Souffle permanent, même avec Dolby B ou C.
  • Wow & flutter (variations de vitesse de lecture).
  • Usure ultra rapide de la bande et de la tête de lecture.

Et contrairement à une bande master de studio (qui, elle aussi, a besoin de retouches et de restauration), la cassette grand public, c’était vraiment le bas de gamme du mastering.

Certains disent aimer le “souffle” des cassettes. Mais soyons honnêtes : ce souffle n’est rien d’autre que le frottement mécanique de la bande sur la tête de lecture. Ce n’est pas une “couleur sonore”, c’est un défaut physique.

Alors oui, on peut aimer l’objet, le côté rétro, la nostalgie de mettre une cassette dans son Walkman. Je comprends ça. Mais dire que le son est bon ou “supérieur”… là, c’est de la pure fumisterie.

👉 Autant le vinyle a une vraie valeur émotionnelle et un rendu particulier qui peut plaire, autant la cassette n’était qu’un format pratique à l’époque, jamais un format de qualité sonore.


7. Les raisons pour lesquelles certains y croient encore

  1. L’effet placebo : tu claques 1000 € dans une cellule audiophile, tu veux entendre une différence, même si elle n’existe pas vraiment.
  2. Différent ≠ Supérieur : le vinyle sonne différemment, certains adorent, et transforment ça en “c’est meilleur”.
  3. Le mastering : parfois, la version vinyle est moins compressée que la version CD du commerce. Et là oui, ça peut sonner mieux… mais ce n’est pas le vinyle qui est magique, c’est le master qui est mieux choisi.
  4. La mode rétro : pour les cassettes, c’est surtout ça. On aime ressortir un Walkman, montrer un objet vintage, plus que profiter d’une vraie qualité sonore.
  5. La fausse promesse du Hi-Res : croire qu’un rip vinyle en 96 kHz a plus de détails que le CD, alors qu’en réalité il ne fait qu’occuper plus de place sur ton disque dur.

8. Mon point de vue de passionné

Je le redis : j’adore mes vinyles. J’adore les sortir, les poser sur ma platine, admirer les grandes jaquettes. J’adore les disques doubles, les éditions spéciales, les artworks énormes qui n’auraient jamais tenu dans un boîtier CD. J’adore l’idée qu’un vinyle ait traversé le temps, qu’il ait un vécu.

Mais je ne suis pas aveugle : ce n’est pas supérieur au CD. C’est autre chose. C’est un format qui a une âme, mais qui n’a jamais été conçu pour dépasser les limites techniques d’un support numérique moderne. Et c’est très bien comme ça.

Quant aux cassettes audio… là, je ne vois vraiment pas l’intérêt, sauf purement nostalgique ou collection. Musicalement, c’est et ça restera un support médiocre.

👉 Pour moi :

  • Le vinyle, c’est l’émotion.
  • Le CD, c’est la fidélité.
  • La cassette, c’est la nostalgie pure, mais sûrement pas la qualité.
  • Et les rips vinyle en 96 kHz, c’est juste du vide numérisé : du poids de fichier inutile.

⚠️ Donc la prochaine fois qu’on vous sortira : “le vinyle, c’est meilleur que le CD”, “la cassette a un son incroyable” ou encore “j’ai ripé mon vinyle en 96 kHz, c’est de la haute fidélité”, vous avez déjà la réponse. Le vinyle est différent, chargé d’histoire et d’émotion. Le CD est fidèle et précis. La cassette, elle, n’a que la nostalgie à offrir. Et la haute résolution appliquée au vinyle ? C’est juste numériser le vide.

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